Echos de la tournée des " Danseurs de Roumini "
Nos danseurs viennent de donner plusieurs représentations du célèbre ballet " Tous derrière et lui devant " au cours d’une tournée effectuée dans les Alpes du Nord.
Le livret avait été orchestré par Jean-Bière, la chorégraphie était signée Ti prince, et c’est l’incontournable Duracel qui tenait le rôle de " danseur étoile ".
Tous les spectacles ont bien sûr été donnés en décors naturels...La première représentation, qui comportait 102 bornes et 2700 m de dénivelée, a immédiatement permis aux artistes de s’acclimater à l’environnement savoyard.
Mise en bouche avec le col de l’Encrenaz comportant quelques rampes à 2 chevrons, puis aussitôt un plat de résistance avec la Colombière versant nord, et là encore du 2 chevrons soutenus sur les derniers kilomètres d’ascension.
Premier récital de notre soliste qui, malgré quelques soucis causés par un boyau avant mal collé, s’est présenté au sommet une demie heure avant le restant de la troupe.
Certes, les autres avaient pris le temps de s’offrir une petite pause-rafraîchissement au " Reposoir " ( ça ne s’invente pas ) mais tout de même !!!
A signaler que le technicien en charge de l’éclairage avait un peu forcé son réglage : il faisait chaud sous les maillots, il faisait soif dans les gosiers et notre bon Jeannot commençait à devenir grincheux.
Dans sa sagesse coutumière, il a alors décrété qu’une halte s’imposait pour reconstituer de toute urgence les réserves en sel.
C’est le Grand Bornand qui en fut le théâtre, avec spaghettis sauce bolognaise et petite mousse au menu.
Cette thérapie de choc ne s’avéra cependant pas suffisante pour endiguer le " coup de chaud " dont serait bientôt victime Mr le Comte dans la montée des Aravis...
Bref, c’est une troupe bien fourbue mais enthousiaste qui allait se présenter le soir au gîte étape...La deuxième représentation avait été conçue plus light, avec seulement 77 bornes et 1700 m de dénivelée.
Le départ s’effectua en ordre dispersé, suite à une panne de réveil de Jean-Bière ( une réputation, ça se mérite ), et le regroupement général eut lieu en haut du col des Saisies.
Ensuite début de descente un peu délicat sur une route gravillonnée, traversée de Beaufort dans les effluves du succulent fromage local et attaque de l’un des plus beaux cols des Alpes : le Cormet de Roselend.
Nouveau solo de Duracel en perspective mais cette fois les seconds rôles ne l’entendent pas de cette oreille et ils décident de le maintenir à vue dans les lacets qui surplombent le lac du barrage ( Panorama *** dirait le " Guide Vert " ).
C’est donc seulement en minutes ( ! ) que vont se compter les écarts au sommet, à près de 2000 m d’altitude.
Descente splendide sur Bourg Saint Maurice et là, sans attendre l’ordonnance du Dr Couchto, un arrêt casse-croûte s’organise spontanément.
L’étape touche à sa fin, l’ambiance est détendue, les acteurs ont le cœur léger.
C’est l’occasion pour Ti prince d’expérimenter le pouvoir rafraîchissant du Rosé de Savoie et pour Duracel l’opportunité de tester la convivialité du personnel de l’établissement...
Le rideau tombe un peu plus tard à Sainte Foy Tarentaise où déjà quelques inquiétudes se manifestent pour le lendemain car il va falloir affronter les 2770 m l’Iseran et les prévisions météo ne sont pas folichonnes.
Le scénario redouté se confirme d’ailleurs dans la soirée : il commence à pleuvoir...
La troisième représentation avait été programmée en deux actes avec un entracte intermédiaire.
Le premier acte s’est ouvert sur un tableau plutôt tristounet : ciel bas, route encore humide mais heureusement la pluie a cessé.
Les 1700 m de dénivelée de l’Iseran se présentent d’entrée de jeu et il est convenu de rester groupés pendant la première moitié de l’ascension.
Mais peut-on chasser le naturel ?
Au bout de quelques centaines de mètres notre incorrigible Duracel n’y tient déjà plus et le voilà parti en éclaireur, bientôt imité par Mr le Comte.
Un regroupement s’opère tout de même à Val d’Isère où un miracle se produit : le soleil commence à percer les nuages !
Cette fois c’est vraiment parti pour le morceau de bravoure qui mène au sommet.
Notre " danseur étoile " exécute encore un solo tandis que Jean-Bière et Ti prince se lancent dans un " pas de deux " qui les conduira ensemble jusqu’en haut, 5 minutes derrière Duracel.
Les accompagnatrices ont eu la bonne idée d’être là elles aussi.
Les polaires et autres k-way qu’elles proposent sont les bienvenus car le vent s’est levé et ça caille ferme malgré le soleil.
Dès la photo symbolique prise, tout le monde s’engouffre dans la descente, espérant retrouver un peu de chaleur à Bonneval sur Arc où une petite collation est prévue avant de prendre les voitures pour s’épargner 70 km de liaison dans la vallée de la Maurienne.
C’était sans compter avec la pugnacité de Duracel.
Il décide de shunter l’entracte et de se taper les 70 km à vélo !
Mr le Comte, toujours disponible pour un petit plaisir supplémentaire, saute immédiatement dans sa roue.
Hélas une fringale l’obligera bientôt à renoncer...
Le deuxième acte se limitait en fait à la montée du col du Mollard mais au point de regroupement Mr le Comte et Jeannot en ont déjà assez.
Ils décident de rester dans les voitures et seuls Duracel, Jean-Bière et Ti prince atteindront le gîte étape sur leurs vélos.
Ceux qui se seront limités au programme imposé totalisent 70 km et 2700 m de dénivelée.
Le compteur de notre flèche en affiche plus de 140 !
La soirée se termine par un coucher de soleil d’anthologie sur les Aiguilles d’Arves.
Petite blague de mauvais goût au matin de la quatrième représentation : il crachine !
Très vite le décorateur en chef réagit et le temps du petit-déjeuner, il a déjà presque entièrement repeint le ciel en bleu.
Tout est en place pour grimper la Croix de Fer dans des conditions idéales.
Le cadre est fabuleux, c’est un moment privilégié dont chacun jouira selon sa philosophie : tous groupés derrière pour les uns, seul devant pour qui vous savez...
Descente de rêve puis ascension du col d’Ornon et là, une fois n’est pas coutume, notre inépuisable Duracel a la socquette un peu lourde.
Il a du mal à faire le trou, si bien que Jean Bière le rejoint dans les derniers hectomètres de la montée et lui montre même sa roue arrière au sommet !
Le soleil cogne fort, il fait soif, il fait faim : il est urgent de recharger la pile Duracel et les autres aussi d’ailleurs.
On va s’y employer immédiatement.
Ti prince, fort de ses expériences antérieures, a tôt fait de convaincre la troupe que c’est un Rosé bien frais qui s’avèrera être le meilleur reconstituant.
Tout le monde acquiesce, si bel et si bien qu’on doit maintenant changer d’unité pour passer les commandes : désormais c’est en litres qu’elles sont exprimées à l’aubergiste et non plus en pichets...
Ne restait plus qu’à rejoindre Valsenestre, terminus de l’étape et de cette DANSE 2009.
Ti prince, qui avait découvert l’endroit l’an passé en préparant la Marmotte, nous avait annoncé un final pépère, avec une petite montée en pente douce pour atteindre l’arrivée.
Est-ce l’effet amnésique du Rosé ?
Toujours est-il qu’en fait de final pépère, c’est debout sur les pédales qu’il nous a fallu franchir les dernières rampes qui avoisinaient les 12% !
Quant à notre insatiable Duracel, il tenait à finir l’étape à bloc et c’est une demie heure avant les autres qu’il a pu découvrir ce superbe village de l’Oisans, niché au fond d’une haute vallée en bordure du massif des Ecrins.
La tournée se terminait là et une journée de repos bienvenue devait permettre aux danseurs de rejoindre le camp de base établi par les Zolmos à Gigondas.
Or là encore, à chacun sa méthode pour préparer l’assaut du Ventoux !
Pour la majorité d’entre nous ce fut une petite rando en altitude mais pour l’infatigable Duracel il fallait impérativement entretenir la pression avant de venir titiller le Géant de Provence.
C’est donc sur son vélo qu’il a fait son apparition au gîte des Dentelles : il arrivait de Chalet Reynard et venait de se taper 60 bornes sous le cagnard !
Enfin, pour être complet, il faut encore souligner le rôle déterminant de la troupe des " petits rats " qui accompagnait le corps de ballet.
Leur mission logistique a été impeccablement remplie et nul doute que leur influence sur le moral des artistes ait été extrêmement bénéfique...