Chapitre 3 - Comment devenir un Zolmos
Quand on partait de bon matin, quand on partait sur les chemins, à bicyclette...
Tout le monde entend encore chanter Montand !
Et bien, justement, ce n’est pas là le sujet, car le vélo, ce n’est pas de la bicyclette !
" La bicyclette est un machin, le vélo est une machine " a dit Jean-Noël Blanc !
Chez les Zolmos, vous l’avez compris, c’est de VELO qu’il s’agit !
Les membres de cette noble confrérie ont tous, plus ou moins, touché à la compétition.
Ils savent ce qu’est l’ambiance d’une ligne de départ, ils connaissent la sensation des " grosses cuisses " ( quand ça fait mal ), et celle de " passer par la fenêtre " ( quand on n’en peut plus, qu’on explose et qu’on se fait larguer par le peloton ).
Mais quand ils viennent à Roumini ( le parking de Rouxmesnil ), ce n’est plus pour un exercice cycliste individuel, ce qui les intéresse, c’est qu’ils aillent le plus vite possible ENSEMBLE.
Cela rejoint, pour les initiés, le principe et l’effort du contre la montre par équipe : un pour tous, tous pour un.
Une ligne de cyclistes qui " monte au vent " ou qui " emmène ", les uns derrière les autres, pour profiter au mieux de l’abri de celui qui précède, et une ligne qui " descend " pour récupérer ( plus ou moins ) de l’effort.
Cela demande des années de pratique, de technique, de rigueur, et d’abnégation.
C’est difficile à expliquer, pour des profanes, en termes ésotériques, mais les Zolmos c’est ça !
Une célébration commune, une " grand-messe du vélo ", une forme de transcendance, le plaisir est dans le partage des bonnes sensations comme des douleurs.
Bon, on concède quand même qu’il est un peu supérieur quand " on vole " que lors d’un " coup de moins bien " !!!
L’entrainement est, pour tous, à son niveau, une tentative d’améliorer l’homogénéité du groupe : les plus forts pour " tirer " le peloton, et les plus faibles pour mieux suivre.
Et puis, le petit plus qui nous échappe et nous séduit, ce qui nous fait toujours " remettre ça " !!!
C’est le rapport à la nature, le glissement dans l’air, le spectacle de la campagne toujours renouvelé, le chuintement des roues libres et le sifflement des roues, un concert produit par un orchestre joyeux !
Cela porte un nom, on touche au Sublime !
Ce rassemblement de Roumini est connu également, autour de Dieppe, sous le nom de " groupe des docteurs ".
C’est comme ça, de fait sept toubibs viennent ici enrouler le braquet autour du caducée, mais depuis le début de cette affaire, la richesse des Zolmos vient du métissage social et du brassage de toutes les professions ( cf anthropologie des Zolmos aux éditions Jean Naidumal ).
Comment devient-on un Zolmos ?
Le rendez-vous du dimanche est ouvert à tous ( à condition quand même de pas foutre le bordel ), sinon y’a des grandes gueules pour les calmer... voire les virer... non mais sans blague !
Ce qui n’est pas sans poser problème quand le peloton compte quarante têtes lâchées sur le bitume !
Et, ensuite, sans pouvoir expliquer comment ni pourquoi, les anonymes pétris des qualités essentielles sont invités petit à petit à faire des déplacements avec le groupe, puis à boire un coup, puis après c’est secret ( ça dépend aussi si leurs femmes sont très gentilles avec l’encadrement... tout çà, tout çà ).
Non mais quand même, on va pas tout révéler comme çà sur le net, c’est beaucoup plus secret que le Grand Orient, surtout au niveau de l’introduction !!!
Mais là encore, c’est une autre histoire !